mercredi 31 décembre 2008

La suite de notre aventure (nouvelles photos)




Nous revoici avec la suite de notre aventure. Merci pour votre patience. Nous aurions bien aimé être avec vous au quotidien depuis Fort Nelson puisque le chemin parcouru depuis a définitivement été le plus beau. Le fameux Alaska Highway était plus que panoramique. Mais l’aventure humaine vécu depuis notre arrivée est encore plus palpitante. Commençons donc où nous vous avons laissé.

Au départ de Fort Nelson, nous avons parcouru un chemin de plus en plus sinueux qui nous entraînait lentement vers les hauteurs.

Ne vous y trompez pas. La route n’est pas en asphalte. C’est de la glace recouverte de sable. La machinerie la gratouille périodiquement pour y graver des sillons qui permettent de garder le contrôle du volant. Nous avons compté une charrue sur 1000 km. Après 30 minutes de route, un panneau publicitaire annonce le prochain point de ravitaillement à 2:30 de route. Un carton ajouté au panneau indique No fuel. Paniqués à l’idée de rester prisonniers, nous rebroussons chemin pour remplir notre bidon de secours à Fort Nelson. La station service nous a alors remis une liste des points de ravitaillement entre Fort Nelson et Watson Lake ainsi qu’une feuille de recommandations à suivre et de choses à emporter pour pourvoir aux urgences. C’est là, après avoir perdu près d’une heure trente, (c’est beaucoup car on dispose de seulement 5 heures d’ensoleillement et souhaitons rouler de jour pour diminuer les risques de frapper un animal) que l’on s’est rendu compte que no fuel signifiait pas de diesel et non pas no gas. Le point de ravitaillement avait bel et bien de l’essence sans plomb. Cette erreur nous a empêché de faire l’arrêt souhaité à Liard Hotsprings, ce fabuleux endroit où jaillissent les sources chaudes du très fond de la terre en plein cœur de l’hiver.






Il y a peu d’endroit sécuritaire pour que l’on puisse s’arrêter avec la remorque. Nous avons croisé à peine deux voitures depuis le matin, on ne prend donc aucune chance. Au terme d’une impressionnante montée, une petite halte nous a permis une pause avec une vue imprenable sur notre destination. Après les –27 du matin, nous étions étonnés de sentir un vent chaud nous envelopper. Pour un peu, les enfants sortaient leur maillot! C’est la dernière occasion en 2008 où ils se promèneront sans tuques ni mitaines. Et peut-être aussi pour une bonne partie de 2009…




Les Montagnes sont majestueuses. Une puissance divine émane de leurs contours. Ni le PlayStation II, ni James Bond qui joue sur le moniteur ne peuvent retenir l’attention des enfants bien longtemps en présence de tant de beauté. On imagine facilement combien en été, l’éclat des couleurs verdoyantes côtoyant ce blanc doit être de toute beauté…




Nous avons croisé beaucoup d’animaux. Bisons, caribous, orignaux, coyotes et même des chevaux sauvages. Les enfants ont vécu une belle journée. En plus, c’était notre entrée en territoire Yukonais. Émilien et Gabriel ont fêté ça par une petite danse dans la chambre d’hôtel de Watson Lake. « Enfin le Yukon! ». Clément vit cependant une petite déception : on ne pourra se faire photographier toute la famille devant la pancarte Bienvenu au Yukon. Il faisait trop noir pour qu’on puisse la repérer.




C’est le 24 décembre et on reprend la route à 8 :00 du matin. Il fait noir comme chez le loup. Le soleil se lèvera seulement vers 9 :30. Le temps sera gris mais plus que 455 Km ne nous séparent de Whitehorse.



Quelle arrivée. La crainte qui m’a hantée pendant tout le voyage s’est concrétisée. Pas une avarie majeure, pas une crevaison, pas une panne d’essence. Non. Rester pris dans la côte de la rue Chalet Crescent, notre destination finale.




C’est là que l’aventure humaine a commencé. Une dame qui promenait son chien est allée chercher son mari qui est rapidement venu nous tirer de cette mauvaise posture. Nous avons décroché la remorque, sortie la Uplander du pétrin et avant même d’avoir fait le tour du croissant, un second voisin avait accroché la remorque sur son 4 X 4 et en faisait la livraison devant notre porte.



5862 kilomètres, voilà ce que nous avons parcouru. En cette veille de Noël, nous sommes trop fatigués pour vider la remorque. Heureusement, la maison où nous arrivons contient des choses pouvant nous dépanner : futons, table et chaises, divan, verres, tasses et… papier de toilette.





Nous n’avons pas de photos à vous montrer (j’avais peur de passer pour une grosse Américaine en vacances) mais nous avons vécu un très beau moment à la messe de minuit, qui incidemment, avait lieu à 8 :30. À l’autre bout du Canada, nous assistions à une messe entièrement en français, animé par un prêtre habité par tout l’humanisme et le charisme de l’abbé Foster (il était curé de la paroisse Sainte-Louise de Marillac, à Longueuil, lorsque mes sœurs et moi étions petites). Un christianisme ancré dans la réalité : « la totalité de la quête de ce soir sera versée à l’organisme qui gère la nouvelle banque alimentaire ». La chorale a chanté « Noël c’est l’amour ». Le prêtre a postulé que la naissance du Christ était un nouveau départ pour l’humanité. Clément et moi nous sommes regardés. Nos yeux roulaient dans l’eau… un nouveau départ pour nous aussi. Gabriel s’est endormi sur le banc d’église. Nous étions tous morts de fatigue. Il nous était impossible d’envisager aller au party chez Claudiane, la correspondante de Radio-Canada à Whitehorse, qui nous avait si gentiment invité. Nous allons tous au lit vers les 10 :00 et laissons au Père-Noël, un verre de lait et une petite tartelette aux raisins (à défaut de biscuit). Il semble avoir apprécié puisque le lendemain matin, les gars ont trouvé leur cadeau.


Ensuite ce fut l’exploration des alentours. Une patinoire derrière la maison. « WOW! ».Chaque jour depuis notre arrivée, les enfants demandent à aller dehors et nous les accompagnons avec plaisir.



Et un peu plus loin... que vois-je? Un petit Starbucks nordique pour tante Sophie!

Et un resto de sushi (le Japon n'est pas si loin)pour oncle Jean-François!
Les Québécois qui avaient la clé de la maison où nous logeons, Marie-Claude et Christian, nous ont invité à célébrer Noël avec eux. Ils avaient invité quelques amis, fait cuire une dinde, un osso-buco d’orignal, un ragoût de boulettes… et j’en passe. Lorsqu’on a mis le pied dans la maison, on a entendu : « Pêcher, pêcher, aux Iles de la Madeleine… » et oui, une chanson des îles. Il y avait là une fille des Iles. Nous avons eu beaucoup de plaisir… et les enfants aussi.


La famille Vallier est désormais beaucoup plus qu’une image sur le Web. Ces Européens que nous suivions depuis deux mois sur le web sont venus nous saluer en chair et en os.

Chaque minute nous conforte dans notre choix de vivre cette expérience. Revenez nous voir.

samedi 27 décembre 2008

A bon port pour Noel

Soyez sans craintes. Nous sommes arrivés a destination pour le réveillon. Nous Continuons notre blog dès que le net est branché dans notre nouvelle maison.
clément et Sylvie

mardi 23 décembre 2008

Fort Nelson

Fort Nelson, au 7ième jour du voyage. Nous avons parcouru 587 Km Du bitume, du sable, de la glace, un beau cocktail cependant très ensoleillé. Le bleu du ciel est tout simplement magnifique. Je n'avais jamais vu ce bleu avant. Aujourd'hui les craintes se sont envolées. Nous sentons que le but est proche. Mais c'est très curieux. Ce matin, en KM, il nous restait encore plus du cinquième de notre distance totale à parcourir. Et pourtant, on se sentait comme si on allait dormir à Whitehorse ce soir. Je crois qu'ils sont nombreux ceux qui, comme vous, ont une pensée pour nous. Cette énergie nous rejoint, s'exprimant parfois, dans mon cas, par une larme au coin de l’œil. Émilien et Gabriel furent vraiment impressionnés à la vue des montagnes. Gabriel a particulièrement hâte d'être arrivé "dans mon Yukon". Émilien ne veut surtout pas manquer le party de Noël chez Claudiane. Il a été très touché aujourd'hui, et nous aussi, par un message de son ami Xavier. L'installation d'un ordi performant ainsi que l'établissement d'un "horaire de jeu à distance", seront des priorités. Un coup de fil à son cousin Dominic lui a fait du bien. La piscine de l'hôtel est hors fonction. La direction prétend que c'est pour l'entretien. Les enfants étaient déçus. Moi je crois plutôt que faire fonctionner une glissade d'eau pour un hôtel presque vide, c'est très coûteux en énergie. Vide en effet. Il y a même des rabais alors que chez nous, les prix augmentent en périodes de congés. On voit que pendant les vacances de Noël, plusieurs habitant du Nord se transforment en Snowbirds. Ceux qui restent se chauffent les fesses dans des autos toutes chaudes. Pas question d'arrêter le moteur, même pour aller faire l'épicerie. Les stationnements (même ceux des bars!)sont emboucanés toute la journée. Lorsqu'on sait qu'une batterie d'automobile peu perdre jusqu'à 65% de sa charge à -40, on comprend que personne ne prend la chance de ne pas redémarrer. Quand le moteur ne roule pas, c'est généralement que la voiture est branchée. Bon assez d'observation pour ce soir. Coucouche panier. Demain sera aussi une grosse journée. Bonsoir à tous.

Dawson Creek, BC. Le kilomètre 0 de l'autoroute de l'Alaska. Il reste encore 1600 km




La route est longue et les toilettes des haltes sont gelées. Alors quand faut y aller...


Apres avoir roulé toute la journée dans ce qui ressemblait étrangement à un immense parc des Laurentides, on voit poindre à l'horizon...

...un petit bout de glacier...

...puis deux...

...puis on touche presque le rêve en voyant se dresser en colonne les Coastal Mountains.

Regarde Frankie, le beau buck "bourguignon" qui va se reposer pour l'automne prochain.


Y en a tellement que je t'en garde un pour toi tout seul.


Il y a aussi la femelle qui est pas mal non plus.


Mais l'autre femelle est accablée par la la la fatigue et il faut encore étudier le manuel de fonctionnement de la caméra. Voilà comment on peut capturer l'image d'un gros buck à 100 km/h.

dimanche 21 décembre 2008

21 décembre Grande Prairie

Ce matin, sur Edmonton, il faisait beau. Cela nous donnait envi de prendre une pause et de profiter de la ville. Nous sommes passé à un cheveu d'aller visiter la Mecque de la consommation, j’ai nommé West Edmonton Mail, avec son parc d’attraction, sa piscine à vague et sa patinoire intérieure. Les gars auraient certainement apprécié. Mais un petit coup d’œil à la carte nous a dissuadé de prendre un jour de congé. Le chemin le plus incertain reste à parcourir. Il y aura de bonnes distances sans village. Mieux vaut ne pas perdre une belle journée ensoleillée, à dépenser des dollars de Noël. Au fond, partir pour un endroit aussi éloigné que Whitehorse est aussi, pour nous, l’occasion de revisiter nos valeurs. Mais une petite rechute avant le Nord… a été bien tentante! Ce choix de ne pas succomber a été récompensé. Le soleil a été de la partie toute la journée. Nous avons trouvé un IGA sur notre chemin et un commis nous a servi en français au Canadien Tire de Whitecourt (entre Grande Prairie et Edmonton). Et autre chose aussi d’un peu moins drôle. Dans un secteur de l’autoroute 43 qui ressemble un peu à la 20 entre Drummondville et Québec, plusieurs voitures accidentées, abandonnées, comme les vestiges d’un dernier blizzard sévère qui se serait abattu sur la région. La beauté de la journée et le soleil radieux tranchait avec l’aspect tragique du décor. Les enfants jouaient et heureusement, n’ont pas vu les voitures renversées et à demi ensevelies sous la neige. Mais Clément et moins savons qu’il faut traiter la route comme on traite la mer… avec respect. Nous avons traversé cet endroit comme on traverse un cimetière, avec un mélange de paix, de tristesse… et de foi. Je dois avouer que ce voyage me fais ressentir un grand respect pour les habitants de "ce froid pays qui est le mien". De Winnipeg à Saskatoon, jusqu'au Nord de l'Alberta, on a effectivement accepté les grands froids, comme on le fait à Sept-Îles ou Chibougamau. À Montréal, on fait comme si l'hiver n'allait pas venir. Et quand il tombe du ciel, on est au beau maudit. Tout surpris. Et on garde nos chaussures comme pour lui dire: "On t'avait pas invité cette année. T'aurais pu rester chez vous". C'est pourtant nous qui sommes chez lui. Jacques-Cartier n'a pas voyagé à l'envers de l'hiver" comme dit Charlebois. Merci à tous pour vos commentaires. Vous n’avez pas idée comme ils font du bien. Je sais que ce n’est pas facile pour tous de découvrir ce nouveau moyen de communiquer. Pour nous aussi c’est une première expérience. On grandit donc ensemble.
Sylvie, Clément, Gabriel et Émilien


On a pas le temps de déposer les bagages... "Envoye moman"...